Charte des aumôneries catholiques

L’aumônier, homme ou femme, est envoyé par son évêque pour vivre, au sein d’une équipe, une mission d’Eglise au service de l’Évangile dans les établissements pénitentiaires de Belgique.

Dans ce milieu, pour la personne détenue, la possibilité d’assumer des responsabilités à l’égard de soi-même et des autres est restreinte, le rejet moral de la société par l’emprisonnement lourd à porter, la réparation du préjudice subi par les victimes presque inexistante. Tout y concourt à dépersonnaliser les personnes et à les rendre sans importance aux yeux des autres. Dès lors, l’adaptation aux règles de survie est vitale et l’égocentrisme, l’agressivité, la violence, le déni de la faute et l’atténuation du sentiment de culpabilité refaçonnent la personne.

Malgré la loi de Principes qui invite à une possible resocialisation de la personne détenue, cette réalité est toujours d’actualité.
Face à ce constat, les membres des équipes d’aumônerie, nourris par l’Évangile, ont la mission de témoigner et de vivre, par leur présence auprès des personnes détenues, un chemin de libération comme Bonne Nouvelle. Ils sont « envoyés pour annoncer aux captifs qu’ils sont libres » (Luc 4,16).

Cette mission d’Eglise, dans ce lieu d’ombre, suppose le respect du chemin de liberté des personnes détenues. (« On ne peut s’approcher du Christ que dans le dialogue et le respect de la façon de croire de l’autre. » Philippe Bacq, ‘La pastorale d’engendrement’).

Aidées par la force du Christ, l’amour du Père, et la communion de l’Esprit, les équipes d’aumônerie en milieu carcéral veillent à réaliser les six objectifs pastoraux qui résument le coeur et l’esprit de la mission des aumôniers catholiques.

Présence

L’attitude pastorale se fonde sur une qualité de relations telle que celui (celle) que nous rencontrons, puisse être celui (celle) qu’il (elle) est en devenir. En même temps, cette qualité relationnelle contribue à notre propre croissance dans notre mission d’aumônier.

Accompagner, c’est être présent, recevoir la souffrance avec empathie et la porter avec une distance maintenue, se faisant proche dans la discrétion et le respect, sans chercher à avoir prise sur l’existence d’autrui par la séduction ou la pitié.

Cette qualité de présence contribue au cheminement intérieur des personnes qui expriment et vivent une « déchirure » existentielle. Elle tend à répondre à la question cruciale dans l’évangile : « Comment annoncer une Bonne Nouvelle? »

L’aumônier vit cette qualité de présence qui met en oeuvre la fonction symbolique qui lui est propre.

Passeur

L’attitude pastorale se fonde sur une qualité de relations telle que celui (celle) que nous « Christ ne se révèle qu’à celui qui, voyant en lui le passant, accepte avec lui de passer. Et d’abord de passer à lui, au lieu où il est, pour être traversé du mouvement qui l’emporte.

‘Où donc demeures-tu?’ -‘Venez et voyez' » (in P.J. Labarrière, « Le Christ avenir », Desclée)

On pense aux innombrables déambulations de Jésus sans souci des frontières.

Après sa résurrection, sur le chemin d’Emmaüs, Cléophas et son compagnon s’ouvrent pour laisser place à Celui qui les rejoint et fait route avec eux (voir Luc, 24).

La présence de l’Autre, qui peut se présenter anonyme, inconnu et mystérieux, est une présence qui éclaire le passé, le présent et ouvre à un avenir.

L’accompagnement dans la fidélité de celui (celle) dont on se fait proche ouvre sur cet Autre.

L’aumônier est passeur d’Évangile, et donc, d’une Bonne Nouvelle. Dans une relation de réciprocité, il révèle, à travers l’histoire de sa vie et de la vie de la personne détenue, la présence de Dieu, même si, d’emblée, il ne Le nomme pas.

Fraternité

S’adresser à Dieu comme à « notre Père », c’est affirmer que les rapports entre nous, évangéliquement parlant, sont des rapports fraternels, de solidarité ou d’interdépendance.

« N’appelez personne sur la terre votre Père: car vous n’avez qu’un seul, le Père céleste. » Mt 23,9

L’aumônier est celui qui entre et vit dans une relation réciproque qui permet d’exister dans une réelle fraternité, dans l’amitié qui, dans la perfection de Dieu, s’appelle l’amour.

« Si vous vous aimez les uns les autres, alors tous sauront que vous êtes mes disciples. » (Jn 13,35)

C’est dans la fraternité et l’amour réciproque que s’actualise le Bonne Nouvelle.

L’aumônier est en relation comme Dieu est en relation; il vit une relation de réciprocité avec des paroles et des gestes neufs qui signifient la vie.

Éveil

L’aumônier se doit d’être un « éveillé » pour « éveiller ». « Veillez et priez » (Mc 14,38) recommande Jésus à ses disciples au Jardin des Oliviers.
Priant, le veilleur évangélique se sait précaire.

Comment dès lors pourrait-il ne pas attendre quelque chose d’autrui?

Comment pourrait-il ne pas être un homme d’espérance, de pardon?

L’aumônier laisse dans la rencontre, l’Esprit « éveiller » ce qui est là, ce qui est en lui. L’Esprit révèle (réveille) son potentiel; il fait de lui un « veilleur et si possible, un « éveilleur ».

Dignité (Estime de soi)

L’aumônerie catholique se veut un lieu où les personnes, qui sont en recherche de vérité et de vie, ont la possibilité, dans la rencontre et le partage, de reprendre conscience qu’elles sont des hommes et des femmes à part entière, pleinement responsables, ayant le droit et les potentialités de retrouver leur place unique dans la société humaine.

La bonne humeur, le respect réciproque, l’accueil des différences, l’assurance de compter pour autrui, la solidarité et le partage sont des dimensions existentielles à vivre dans toute rencontre d’aumônerie.

L’aumônier, à l’exemple de Jésus qui accueillait sans préjugés et sans à priori les malades, les paralysés, les aveugles, les pécheurs, ouvre un chemin de libération à tous ceux et celles qui cherchent un chemin d’humanité.

Communauté

Par le rassemblement, la célébration de la Parole et de l’Eucharistie, l’aumônier fait communauté.

C’est en communauté que peut être vécue l’acceptation de chacun(e) par chacun(e) avec ce qu’il (elle) est, et en premier lieu, avec ses richesses et ses aspirations, ses faiblesses et ses manques.

C’est un lieu où se vivent le partage et l’intériorité, le pardon et le soutien mutuel, la prière et les célébrations.

« Avec les autres, nous voulons susciter un espace de liberté où l’homme est disponible pour une irruption de Dieu, convaincus que celle-ci survient notamment à travers les sursauts d’humanité qui fracturent les horizons trop étroits des murs et des jugements » (Philippe Landenne, Résister en prison, Ed.Lumen Vitae, p.181)

Chacun(e) est invité(e), dans le respect des autres, à vivre en Homme Debout.

L’aumônier est invité par Jésus-Christ à célébrer – là où se rassemble la communauté – ce qui s’y vit et s’espère.

CHARTE  DES AUMÔNIERS DE PRISON CATHOLIQUES NÉERLANDOPHONES

« Sois vigilant,  juge d’abord l’accompagnateur  auquel tu devras confier ta souffrance, est-il capable de souffrir avec ceux qui souffrent et de pleurer avec ceux qui pleurent, comprend-il l’art de la sympathie et de la compassion. »                    Origène

L’engagement des aumôniers de prison [1] trouve son origine et ses motifs les plus profonds dans la Parole de Dieu et dans sa vocation. Sur les pas de Jésus de Nazareth, ils ont reçu l’onction et été envoyés pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres et apporter aux captifs la délivrance (Lc 4,18). La prison est pour eux un lieu de rencontre privilégié avec le Seigneur Souffrant et Ressuscité : “ J’étais prisonnier, et vous êtes venus me voir” (Mt 25,36).

La pastorale carcérale se situe donc en marge de la société, mais au cœur du christianisme, dans le paysage biblique du sens et de la recherche de sens, de la guérison et de la délivrance. Elle aide le détenu à sa reconstruire et à reprendre le fil de sa vie.

Être présent…

Être présent auprès des prisonniers, aller vers les prisonniers, signifie en premier lieu pour l’aumônier de se vider de soi-même et se libérer de tous les jugements et de tous les préjugés qui ont cours dans la société mais qui souillent le cœur. Pour arriver à comprendre l’autre, il faut d’abord être prêt à recevoir et par ailleurs oser dire “je ne sais pas”. La présence de l’aumônier dans la prison trouve sa source  tous les matins dans cette modestie  fondamentale.

Cette présence a quelque chose de physique. Un aumônier doit être visible et abordable, parole et signe.

Être présent, avec son être, de tout son être, est en contradiction avec tout calcul prévisionnel, avec les heures ou les entretiens réglementaires. Être présent rime avec accueil,  patience et calme.

La présence de l’aumônier doit rayonner de chaleur et de proximité, avoir en horreur le quant-à-soi, donner au détenu le sentiment que Dieu vient vers lui, ce Dieu dont le nom est « Je suis avec vous ».

Un aumônier n’a pas affaire à des clients ou des patients mais à  des frères ou des sœurs: “Il ne rougit pas de les nommer frères. ” (Hébr. 2,11).

Attention créative.

Un aumônier doit être un praticien chevronné de l’art de  l’écoute. Écouter les récits, des récits venant des profondeurs ou des pays lointains, des récits de vagabonds et d’égarés, de bouffons et de rêveurs, de naufragés ou de chauffards. Écouter les paroles mais aussi les larmes, les silences, les photos, les tatouages, les « mauvais présages ».

Un aumônier ne doit pas d’abord enregistrer et analyser le récit, mais bien accueillir l’être humain qui se cache derrière le récit.

Le détenu doit trouver auprès de l’aumônier un lieu où il est permis de pleurer et de maudire, d’espérer et de désespérer, de bafouiller ou de se taire, mais surtout un lieu où il peut avoir le sentiment de n’être pas réduit à son ou à ses actes, quels qu’ils soient.

L’aumônier sera une oreille attentive, car l’attention est créatrice. L’échec ou la faillite peut annihiler pour ainsi dire un être humain,  peut faire en sorte qu’il n’existe plus pour personne. Lorsque cet être-là rencontre au puits de Jacob (Jn 4,6) quelqu’un qui l’écoute avec son cœur, il émane de cette attention une force re-créatrice.

Lorsque les occasions et les moyens le permettent, cette attention pastorale s’adressera également aux proches des détenus. Eux  aussi sont souvent désemparés et perdus, en quête de sens et de compréhension, plongés dans la souffrance et la désillusion.

Un havre sûr

Un aumônier offre au détenu un havre sûr, un refuge, un espace où il ou elle peut s’exprimer librement, et donc sans risque de voir son récit ou ses émotions atteindre le monde extérieur ou pire, être  utilisés contre lui ou contre elle.

Un aumônier sait qu’il foule une terre sainte lorsque quelqu’un l’entraîne vers les profondeurs de son cœur et de son âme, de ses faits et gestes.

Un refuge est un lieu vers lequel les gens peuvent fuir ou se cacher, où ils se savent en sécurité et protégés, un cadeau et une mission qui s’inscrivent dans la tradition séculaire des églises servant d’asile et du secret de la confession.

Un refuge est toujours un asile, mais parfois aussi une oasis dans laquelle l’être humain, dans la prière et le silence, peut boire à la Source de toute vie, et où la quête du sens trouve un soulagement. Dans cet espace, seuls conviennent une grande pudeur et un grand respect du secret de chaque être.

Même si l’aumônier est appelé à travailler en collégialité avec d’autres, il ne pourra jamais se départir de cette attitude de respect du secret. Une relation de confiance profonde est d’ailleurs à la base de tout accompagnement pastoral.

Le travail de réintégration

Un aumônier est toutefois plus qu’une caisse de résonance ou qu’un embarcadère.

Une des données de bases du monde carcéral consiste à donner aux détenus l’occasion de s’interroger sur leur cas, afin de se réconcilier avec eux-mêmes, tant mentalement que sur le plan de l’émotion, afin de prendre conscience du tort qu’ils se sont fait à eux-mêmes et aux autres, afin d’œuvrer à la reconstruction et à la guérison de leur propre univers et à celui de leur victime. ‘Voici que je vais faire entrer en vous l’esprit et vous vivrez.’(Ez. 37,5).

C’est précisément sur ce terrain que se situe la contribution  spécifique de l’accompagnement pastoral. Dans une perspective de réparation, l’aumônier est appelé à chercher, avec le détenu, le pourquoi profond de ce qui s’est passé, et la meilleure voie de guérison et de réparation. Il ou elle ne peut pas faire l’impasse sur les questions concernant le sens et le non-sens, le préjudice et la honte, la faute et la grâce, Dieu et les commandements, la vie et la mort.

Au contraire, c’est à l’aumônier à percer à jour, avec miséricorde mais aussi sans détour, les échappatoires et la superficialité et à proposer franchement des gestes de repentir et de revirement.

Il va donc de soi que l’aumônier dirigera plutôt son attention aux initiatives de réparation et de (ré)conciliation.

Par la parole, le signe et le sacrement, l’aumônier ramènera constamment le détenu sous le regard d’un Dieu qui pardonne et guérit, d’un Père qui accueille et réconcilie Son fils ou sa fille.

Un être de foi et d’espérance

Pour le détenu, l’expérience de l’univers carcéral est souvent destructrice et source de blessures indélébiles. La vie en prison met l’accent sur l’exclusion et la sécurité. Un détenu est exilé de la société et vit derrière les barreaux pendant une longue période.  Or cette détention a des conséquences nombreuses et néfastes, tant sur le plan familial et professionnel que sur le plan personnel.

La société a néanmoins tout avantage à ce que, lors de sa sortie de prison, un détenu ait l’occasion de commencer une nouvelle vie.

L’attention pastorale de l’aumônier veillera donc à préserver le détenu de tout ce qui pourrait porter atteinte à sa dignité et à sa vocation d’être humain.

L’aumônier sera toujours, pour le détenu, un homme d’espérance et de foi. Un détenu ne peut pas être réduit à son acte ou à ses actes. Tout être humain n’a pas seulement des défauts ou des déficiences, mais aussi des dons et des talents. Dieu a semé des graines de bonté et de beauté et l’aumônier se fera un devoir de les faire germer, de les faire croître et de leur faire porter du fruit.                                                                        L’appareil judiciaire et le milieu carcéral font souvent preuve de beaucoup de scepticisme.  L’aumônier y sera un témoin permanent de la conviction qu’il existe une parcelle de bonté dans chaque être humain et que ce dernier a le droit de recevoir une nouvelle chance.

Dans le prolongement de cette mission, l’aumônier et les services de l’aumônerie veilleront également, dans la mesure du possible, à favoriser les initiatives visant à suivre les détenus de façon créative à leur sortie de prison.

Puiser à la Source

Un aumônier ne doit pas sa plus-value et son dévouement, sa passion et sa ferveur en premier lieu à ses compétences professionnelles, mais, à l’image du Christ, à son attachement au Père.  Il souhaite faire boire le détenu à cette même Source  et il l’y invitera tout en respectant son propre cheminement.

Au cours des entretiens personnels, il veillera à laisser la place à la Parole de Dieu, au silence ou à la prière, à la lumière et au soutien pour l’être si peu sûr de lui, à la consolation et au courage pour l’homme blessé ou dévoyé, tout cela avec beaucoup de  modestie et d’hésitation, mais aussi dans la foi en l’amour de Dieu pour chaque être humain.

Sa présence dans les groupes de parole, dans les réunions de prière et surtout dans la célébration de l’Eucharistie, fournira au  détenu la nourriture indispensable à son parcours et permettra de partager et de bénir les soucis de l’assemblée.

Chaque être humain, peu importe la gravité de son état, reste  pour l’aumônier un être créé à l’image de Dieu. Sa dignité est inviolable.

Par son attention et sa contribution, l’aumônier, et avec lui les services de l’aumônerie, continueront à prendre la défense des plus pauvres et des plus faibles, même entre les murs de la prison.

L’adoption d’une prise de position critique et parfois prophétique veillera à ce que l’humanité l’emporte toujours sur la sécurité.

Il est clair que l’aumônier travaille dans une institution et sous une autorité, et que celles-ci sont en droit  d’attendre de lui ou d’elle une parfaite loyauté. Cela n’ôte cependant rien à la tâche qui est la leur, à savoir : veiller à respecter chaque être humain, entre les murs de l’institution ou au dehors, quelle que soit la gravité du délit commis.

En union

L’aumônier vit son engagement et accomplit sa tâche avec ou en union avec beaucoup d’autres.

En union avec la grande communauté ecclésiale, il vit sa charge comme une mission de la communauté de croyants et comme une partie de la tâche pastorale de l’Église.

Il fait partie du service de l’aumônerie, au sein duquel il ou elle reçoit une formation, et jouit de son aide et de sa compréhension, de son organisation et d’un enrichissement mutuel. Il est donc tenu en priorité de participer aux activités de ce service. L’aumônier veillera à accomplir ses tâches pastorales en collaboration avec les membres de l’équipe, même sur le terrain spécifique de la prison. L’estime réciproque témoignée vis-à-vis de l’engagement de chacun et une collaboration harmonieuse entre les aumôniers salariés et les bénévoles pastoraux constituent ici incontestablement une plus-value non négligeable.

Une institution comme celle de la prison emploie un grand nombre de professionnels. L’aumônier se rend fort bien compte qu’il ou elle fait partie de rouages auxquels sont associés de nombreux autres. Une attitude collégiale s’exprime par la discrétion et par l’estime du travail de l’autre. Outre les aumôniers catholiques, la prison accueille des représentants d’autres confessions ou d’autres convictions philosophiques. On s’efforcera de créer avec tous, et surtout avec les frères et sœurs de l’œcuménisme chrétien, une bonne entente ou collaboration dans l’intérêt du détenu.

Au plan national enfin, le service des aumôniers catholiques a sa place au sein du (ILRG). Il y veillera également à favoriser une concertation et une estime réciproques, tout en tenant compte  de l’apport spécifique de chacun.

CHARTE DE L’AUMÔNERIE CATHOLIQUE DES PRISONS DU GRAND-DUCHE DE LUXEMBOURG

Envoyés par l’Église pour témoigner de l’Évangile…

Les aumôniers catholiques de prison, hommes ou femmes, prêtres, diacres, laïcs, religieux ou religieuses, bénévoles ou rémunérés, sont envoyés par l’archevêque de Luxembourg au sein d’une équipe, pour être témoins du Christ miséricordieux. Recevant leur mission au nom de l’Église, ils « annoncent aux captifs qu’ils sont libres » .

La fonction symbolique qu’ils occupent fait d’eux des porteurs d’une Bonne Nouvelle qui les dépasse.

Les personnes incarcérées se trouvent dans une situation de vulnérabilité qui requiert tact et prudence. Les aumôniers respectent la liberté et la patience avec lesquelles Dieu travaille dans le cœur des hommes. Envoyés vers les exclus de la société, ils portent une attention toute particulière aux détenus les plus rejetés, les plus isolés.

En prison…

Les rencontres individuelles et les célébrations permettent aux personnes incarcérées qui le souhaitent d’exercer un de leurs Droits Fondamentaux : la pratique de leur culte. Travaillant dans une institution totale où règnent isolement, méfiance et violence, les aumôniers catholiques s’engagent à respecter les règlements de la prison et ils veillent à entretenir de bonnes relations avec la direction, le personnel et les représentants des différents cultes. Ils affirment, par leur engagement, la dignité inaliénable de chaque être humain.

 

Par la gratuité de leur présence, ils recréent du lien. Témoins d’un Dieu qui ne condamne pas, mais qui remet l’homme debout, ils aident les personnes incarcérées à sortir de leur solitude et à retrouver un sens à leur vie, au-delà de la faute et de la culpabilité.

Rencontres individuelles…

Les rencontres individuelles sont marquées par le sceau du secret. Celui-ci est garanti par le Règlement Grand-Ducal. D’ailleurs, les entretiens ont généralement lieu dans les cellules, cadre propice à la confidence.

La visite des détenus qui en font la demande représente l’essentiel du travail de l’aumônier. Il rencontre, d’abord en simple interlocuteur, la personne incarcérée, celle-ci décidant des sujets de discussion. L’écoute gratuite, avec empathie et distance, de récits de vies souvent tragiques, lui intime le respect. Il accompagne la personne détenue dans sa souffrance, ses espoirs et ses projets, dans sa volonté de se réconcilier avec soi-même et son histoire, avec les autres et avec Dieu.

L’aumônier se tient à ses côtés dans la durée, sans jamais la juger. Ainsi l’aide-t-il à renouer avec son à-venir d’enfant de Dieu et à progresser dans la foi. Il est appelé à se faire le prochain de la personne incarcérée et est invité à reconnaître en elle – souvent sans Le nommer – le Christ assis avec lui en cellule.

Les aumôniers deviennent parfois les témoins d’un chemin de foi bouleversant. Un silence bienveillant marquera ces moments de grâce où la personne qui accompagne et la personne accompagnée puisent l’Eau Vive au fond du même puits. La relation s’ouvre alors à la réciprocité et à la fraternité.

Temps communautaires

L’aumônerie de prison à Luxembourg est confrontée au défi de la diversité culturelle et linguistique. Lors des célébrations, ce défi devient une richesse qui témoigne de l’universalité de l’Église.

Les rassemblements communautaires peuvent aider les personnes à passer d’une attitude de détenus pris en charge entièrement à une attitude de baptisés, frères et sœurs en Christ. À travers les chants, la prière partagée et les lectures, les détenus peuvent prendre une part active à la célébration et exprimer leurs talents. Ils édifient ainsi la communauté chrétienne qui est le corps du Christ.

Les veillées de prière, les soirées thématiques et les groupes de parole offrent également une occasion de partager sa foi et permettent enrichissement mutuel et croissance spirituelle de chacun. Ainsi, les chrétiens incarcérés deviennent-ils une véritable cellule d’Église.

Recluse derrière des murs, la communauté chrétienne en prison n’en reste pas moins unie à l’Église locale, diocésaine et universelle. Des moments forts dans l’année liturgique permettent de marquer ce lien. Par leur présence à des célébrations ou à des activités de groupes, des chrétiens du «dehors» viennent signifier que l’Évangile ne connaît pas de frontière, pas de mur.

L’aumônerie soutient ainsi naturellement toute initiative, de la part de communautés chrétiennes ou d’autres, qui permet la réinsertion et la réintégration de la personne dans la société à l’issue de sa période de détention.

Si des personnes sont en prison, c’est souvent parce qu’elles en ont fait souffrir d’autres. Témoins d’un Dieu compatissant, signes de la réconciliation offerte par Dieu et qui est au cœur de leur ministère, les aumôniers savent le long chemin qui mène au pardon. Fidèles à l’Évangile, ils encouragent les initiatives qui visent à la réconciliation entre auteurs et victimes et, pour autant que faire se peut, à la réparation du mal commis.